SEDITERRA

La cooperazione al cuore del Mediterraneo
La coopération au coeur de la Méditerranée

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Espace de capitalisation de données de gestion de sédiments à terre

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NEWSLETTER - Octobre 2018

EDITO

Le projet INTERREG franco-italien SEDITERRA a été élaboré avec pour finalité de rédiger les « Lignes directrices pour le traitement durable des sédiments de dragage de l’aire MARITTIMO ».
La zone Marittimo est une zone de coopération transfrontalière méditerranéenne qui englobe les territoires suivants : Corse, PACA (Var et Alpes Maritimes), Ligurie, Sardaigne et Toscane (Grosseto, Lucca, Livorno, Massa Carrara et Pisa).

Dans ce domaine, la Loi française n° 2016-816 du 20 juin 2016 pour l'économie bleue stipule dans son Article 85 qu’à partir du 1er janvier 2025 : « Le rejet en mer des sédiments et résidus de dragage pollués est interdit. Une filière de traitement des sédiments et de récupération des macro-déchets associés est mise en place. Les seuils au-delà desquels les sédiments et résidus ne peuvent être immergés sont définis par voie réglementaire ».

Si ce texte règlementaire ne s’appliquera qu’aux sédiments de dragage contaminés, il apparait raisonnable de penser que les conditions administratives autorisant l’immersion (qui concerne à l’heure actuelle la voie de gestion privilégiée pour près de 90% des sédiments marins) seront plus restrictives.
Par conséquent, les volumes de sédiments qui ne pourront plus être gérés en mer à partir de 2025 devront-être gérés à terre, où rappelons-le, ils prennent alors de facto le statut de déchet et deviennent encadrés par cette règlementation spécifique. Les capacités des Installations de Stockage à terre des Déchets n’étant pas extensibles, et en considérant qu’à l’avenir le « déchet sédiment » pourrait représenter des quantités considérables à éliminer, il devient donc urgent de proposer et de valider des solutions de gestion acceptables tant sur le plan environnemental qu’économique. Ces solutions s’appuieront inévitablement sur les principes de l’économie circulaire en promouvant la valorisation matière et la production d’écomatériaux.

Le point sur la situation italienne fera l’objet d’un prochain éditorial.

Face aux enjeux décrits précédemment, une première étape importante sera d’obtenir un schéma de gestion actualisé des ports maritimes permettant d’appréhender les volumes de dragage en jeu, les niveaux de contamination et les caractéristiques des sédiments, les modes de gestion disponibles et les potentialités des territoires existantes ou à développer.

La réalisation de ce schéma a pour objectif d’identifier et de proposer des solutions de gestion plus favorables aux gestionnaires portuaires qui doivent pour l’instant supporter seuls l’entretien de leur port. L’idée ici est de tendre, dans un cadre règlementaire européen défini, vers une mutualisation de certaines opérations de dragage (selon critères techniques) permettant de limiter le coût des opérations et d’augmenter les possibilités de valorisation. En France, plusieurs acteurs travaillent aujourd’hui ensemble pour mener à bien cette réflexion : la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, la DIRM Méditerranée, l’UPACA, l’ADEME, l’Agence de l’Eau RMC et les partenaires des projets Interreg SEDITERRA et SEDRIPORT.


SOMMAIRE


EDITO

Avancement du projet

-- Livrables produits
-- Difficultés rencontrées
-- Préparation des formulations matériaux et des essais pilotes

Actualité scientifique

-- Retour sur WASCON 2018
-- Thèse Tristan Lecomte
-- DEMAART

Perspectives

-- Rencontre des partenaires 26-27 septembre 2018
-- POLLUTEC 2018

Partenaires SEDITERRA

Avancement du projet


Livrables produits

A mi-parcours du projet, les livrables suivants ont été produits :

Livrable T1.1.1
Analyse comparée des règlementations française et italienne relatives aux procédures d’autorisation et gestion des sédiments et de la gouvernance associée. (INSA/ISPRA)

Livrable T1.1.2
Bibliographie projets majeurs : Rapport d’étude bibliographique des projets de traitement et de réutilisation des sédiments à l’échelle européenne. (RAS/INSA/DISTAV/ISPRA)

Livrable T1.2.4
Inventaire des méthodologies de caractérisations avant dragage, des traitements, outils existants et filières de gestion de l’aire Marittimo. (INSA/RAS/DISTAV/ISPRA)

Livrable T2.1.1
Rapport de synthèse des caractérisations croisées préalables environnementales et géotechniques et analyse comparée des résultats – sélections des sédiments pour prototypes traitement et valorisation. (ISPRA/INSA/RAS)

Livrable T2.2.2
Rapport de synthèse des procédures appliquées pour la mise à disposition des volumes de sédiments nécessaires aux expérimentations pilotes précisant les modalités d'application des procédures réglementaires relatives aux transports transfrontaliers. (INSA/ISPRA)


Difficultés rencontrées

La principale difficulté rencontrée est la mise à disposition des sédiments (bruts et traités) pour la mise en œuvre et le suivi de pilotes de valorisation en France. En effet, l’organisation des transports transfrontaliers par les partenaires italiens de Livourne (ISPRA) et de Cagliari (RAS) a rencontré des lourdeurs administratives qui ont conduit à des retards et par conséquent des solutions alternatives ont dû être trouvées.

Pour garantir la démarche transfrontalière et le partage des connaissances, il a ainsi été envisagé de répartir les essais de valorisation, initialement prévus uniquement en France, entre les deux territoires. De cette façon, les partenaires du projet pourraient plus facilement partager leurs retours d’expérience respectifs sur cette thématique de gestion terrestre des sédiments de dragage par la mise en œuvre de prototypes de valorisation.



Préparation des formulations matériaux et des essais pilotes

CPEMParmi les scénarios de valorisation prévus dans le cadre de SEDITERRA, le Comité de pilotage du programme a souhaité orienter l’utilisation des sédiments ou de leurs fractions sableuses dans l’élaboration de matériaux employés dans des chantiers de VRD, d’utilisation courante, susceptibles de pouvoir utiliser des quantités importantes de sédiments dragués.

Les matériaux formulés envisagés qui font l’objet de l’étude de formulation en cours sont :

Les essais de formulation portent sur chacun des 8 matériaux fournis par les partenaires (4 sédiments bruts et 4 sédiments traités (après hydrocyclonage des fines et séparation des résidus végétaux)). A ce jour, seuls les essais sur les sédiments de Livourne et de Cagliari ont commencé.

Les formulations sélectionnées seront ensuite mises en œuvre pour produire des matériaux aux dimensions des expérimentations pilotes, installées sur la plateforme R&D du CPEM de la Seyne-sur-mer et dans les locaux d’ISPRA à Livourne pour un suivi du comportement à la lixiviation en scénario.

Un troisième scénario de valorisation en éco-modelé paysager, ne nécessitant pas de formulation, fera l’objet d’un suivi du comportement à la lixiviation sur la plateforme R&D du CPEM et dans les locaux d’ISPRA. Il sera appliqué aux quatre sédiments bruts et à leurs fractions issues de séparation granulométrique.



Actualité scientifique


Retour sur WASCON 2018

Les sédiments, des matériaux alternatifs pour la construction - WASCON 2018 - Circular economy into practice

WASCON RIL Events et ISCOWA

Dans le cadre de WASCON, dixième conférence international sur les enjeux environnementaux et techniques de l’utilisation de matériaux alternatifs dans la construction, qui a eu lieu à Tampere, Finlande du 5 au 8 Juin 2018, une séance a été dédiée spécifiquement à l’utilisation des sédiments et des sols polluées dans des matériaux de construction, ainsi qu’un workshop sur le sujet de « Ports verts et sédiments ».

Dans la séance « Utilisation des sédiments et sols pollués », le projet INTERREG-VALSE a été présenté. Ce projet regroupe des partenaires Wallons, Flamands et Français intéressés par la construction d’un ouvrage de TP (piste cyclable) en utilisant des bétons contenant des sédiments fluviaux traités. Une unité pilote de traitement a été dimensionnée pour traiter et préparer les différentes fractions des sédiments.

Le prétraitement a consisté principalement à faire une déshydratation partielle et une désagglomération des sédiments avant de les intégrer dans le béton. Cependant, dans certains cas, des déchets plastiques et métalliques doivent être aussi enlevés de la fraction grossière des sédiments. Des trommels et des tapis vibrants sont utilisés pour cette séparation. Le sable, l’argile et le limon ont été séparés à l’aide des techniques de traitement humide des minéraux. La fraction de sable grossière (2 mm -250 µm) a été séparée par tamisage et la fraction de sable fine (250-63µm) par hydrocyclone.

La fraction limon a été séparée aussi en utilisant des hydrocyclones fins qui séparent les particules à 15µm. Des techniques de flottation sont appliquées pour enlever les polluants peu denses. Cette méthode permet de concentrer la pollution métallique dans la fraction plus fine, permettant de réduire le volume de matériaux pollués.

Ces opérations sont regroupées dans l’unité pilote de traitement de Tournai, Belgique. Une évaluation technico-économique a permis de dimensionner une unité de taille plus importante (100.000 tonnes/an) qui serait économiquement viable.

Les opérations appliquées permettent de valoriser les différentes fractions des sédiments :

Dans le workshop « Ports verts et sédiments », deux projets sur l’utilisation de matériaux alternatifs dans la construction de ports ont été présentés. L’un des projets était centré sur l’utilisation des matériaux alternatifs dans la construction d’un port à Helsinki. Ce projet a été mené entre 2003 et 2008 et a servi à appliquer des techniques de stabilisation pour l’utilisation des sédiments pollués au tributylétain (TBT).

Une combinaison des techniques de stabilisation de masse et en colonne a été testée sur une zone du port. Des concentrations élevées de TBT ont été détectées dans les sédiments dragués. La technique de stabilisation de masse en rajoutant des liants a été considérée comme la plus viable d’un point de vue environnemental et économique. Environ 1Mm3 d’argile et de sédiments pollués ont été transformés en terre ferme.

Un autre projet pilote d’utilisation de déchets industriels et sédiments pollués dans la construction d’une baie côtière a été présenté. Il s’agissait du projet européen LIFE and circular economy « CIRCWASTE ». L’objectif était d’utiliser ces matériaux en remblais en utilisant la technologie de stabilisation de masse. Cette technologie a permis d’améliorer la capacité portante du sol ainsi que l’immobilisation des polluants par des liants, ce qui a permis de le rendre moins disponibles à la lixiviation.

Les liants utilisés ont été développés à partir de déchets et de sous-produits industriels, permettant d’économiser l’utilisation du ciment pour la stabilisation de masse qui est de 80-120 kg/m3. Les déchets/sous-produits utilisés pour les liants sont des cendres volantes et cendres de schiste bitumineux, gypse et chaux.

Ce projet a été un cas exemplaire de transition d’un processus de production linéaire vers un modèle circulaire d’utilisation des matériaux alternatifs.



Thèse Tristan Lecomte

Ecole des Mines de DouaiLa thèse de Tristan Lecomte, soutenue à l’Ecole des Mines de Douai le 25 juillet 2018, s’inscrit dans le cadre de la Chaire industrielle de recherche EcoSed dont le but est d’établir des critères environnementaux, techniques et économiques pour la valorisation des sédiments, afin d’accompagner les acteurs industriels dans le développement de filières économiquement viables. Les objectifs de la thèse étaient : (i) de proposer un protocole d’évaluation de la toxicité intrinsèque des sédiments dans la perspective de leur valorisation à terre en proposant des essais complémentaires et en utilisant d’autres méthodes d’extraction des éluats ; (ii) d’étudier la faisabilité environnementale de la valorisation d’un sédiment marin au travers d’une approche multi-scalaire couplant des essais en conditions contrôlées et de terrain, afin de valider l’usage envisagé et (iii) de vérifier l’innocuité environnementale des produits de construction confectionnés à partir de sédiments marins au travers d’essais normalisés relevant du Règlement Européen sur les Produits de Construction.



DEMAART (Démonstrateur d’Eco-Matériaux Alternatifs pour un Aménagement Responsable des Territoires)

DEMAARTCe site de démonstration technologique permettra de développer de nouvelles filières et chaines de valeurs à partir des déchets industriels, de sédiments et de déblais non valorisés du secteur de la construction, ainsi que de démontrer la qualité technique, économique et environnementale des usages de ces déchets.

Ce démonstrateur unique en son genre, implanté sur INSPIRA, zone industrialo-portuaire à Salaise-Sablons, permettra d’intervenir sur des matériaux en conditions réelles. Il aura pour originalité d’être un démonstrateur à échelle 1.
L'aménagement consistera en la création :

Les ressources en matériaux alternatifs, d'origine locale en priorité et pouvant être apportées par voie d’eau, traités dans ces démonstrateurs seront :

Il permettra à la fois aux Maîtres d’ouvrage ayant la responsabilité de la gestion de matériaux non valorisés et aux Maîtres d’Ouvrage d’aménagement de collaborer en direct avec des PMEs et ETI innovantes dans un encadrement technique et scientifique indépendant et de produire des échantillons représentatifs de futurs produits commerciaux. Les applications concerneront la mise en œuvre de matériaux innovants de génie civil dans les typologies d’usage ci-dessous :

Les expérimentations aux échelles laboratoires et pilotes de ces procédés et de leur mise en œuvre seront développées et validées dans les laboratoires partenaires et la plate-forme PROVADEMSE, en particulier sur la zone d'activité de R&D pré-industrielle.
Les ouvrages de démonstration instrumentés permettront d'étudier l'impact environnemental de ces applications. Les résultats pourront alimenter les travaux en cours au Ministère en charge de l’Environnement (animés par le CEREMA site de Lyon) sur les conditions d'utilisation de matériaux alternatifs en construction en application du règlement européen (305/2011/EC publié juillet 2013).



Perspectives

Suite aux derniers comité technique et comité de pilotage qui se sont déroulés à Cagliari les 26 et 27 septembre, les modalités de pré-traitement et de valorisation de 4 lots de sédiments ont été précisées. Elles seront mises en œuvre entre fin 2018 et début 2019 à Livourne d’une part et à Toulon d’autre part.
Une demi-journée technique sur la valorisation à terre des sédiments se tiendra dans le cadre de POLLUTEC sous le pilotage de l’INSA de Lyon.

De plus amples informations seront fournies ultérieurement sur le site sediterra.net.
Les prochains comité technique et comité de pilotage auront lieu à Gènes début février 2019.