Le projet SEDITERRA "Lignes Directrices pour une gestion durable des sédiments de dragage de l'aire MARITTIMO", mené dans le cadre du programme INTERREG MARITTIMO ITALIE-FRANCE 2014-2020, s'intéresse aux possibilités de traitements et de réutilisation à terre des sédiments de dragage portuaires.
En France, la loi qui encadre la gestion des sédiments de dragage imposera prochainement un seuil de contamination (dit "seuil N3") qui empêchera, en cas de dépassement, l'immersion en mer (loi n°2016-816 du 20 juin 2016). Une gestion à terre, où les sédiments de dragage deviennent des déchets (Directive cadre 2008/98/CE), devra donc être organisée.
En Italie, la législation sur les sédiments de dragage est régie par divers décrets (notamment le Décret Législatif n°152 du 3 avril 2006, le Décret Ministériel n°172 du 15 juillet 2016 et le Décret Ministériel n°173 du 15 juillet 2016) qui fixent des limites de concentration en polluants, des limites de dangerosité et des méthodes de gestion et de surveillance à appliquer en fonction des zones à draguer et des niveaux de contamination présents. Les sédiments dragués, une fois déposés à terre, sont considérés comme des "déchets" à toutes fins utiles, ce qui entraîne des limitations considérables pour leur gestion et leur réutilisation.
Un exemple de ces difficultés de gestion est donné par le type d'autorisation que ISPRA Livourne a dû obtenir de la Région Toscane pour le traitement expérimental des sédiments dragués dans les ports participant au projet. La région a en effet dû émettre un décret (le décret n°8172 du 13-06-2017) en se référant à l'article 211 du décret législatif 152/06 et ses modifications ultérieures pour autoriser ISPRA à : "la construction et la gestion d'une usine expérimentale de traitement des déchets".
Le projet SEDITERRA s'inscrit donc dans ce contexte législatif, pas encore totalement adapté à ce nouveau déchet, pour tenter de fournir aux gestionnaires portuaires des lignes directrices harmonisées pour la réutilisation à terre des sédiments dragués, alternatives à l'enfouissement ou au stockage confiné.
Concernant l'avancement du projet SEDITERRA, les activités de traitement des sédiments prévues ont toutes été initiées et sont en phase d'évaluation. Les pilotes expérimentaux de valorisation (en béton, mortier, et remblais) réalisés à partir des sédiments bruts et traités (de Cagliari, Livourne, Toulon et Centuri) sont en cours de suivi et d'analyse sur les sites de ISPRA à Livourne, INSA à Toulon et RAS à Cagliari. Les résultats seront disponibles en fin d'année. Dans la suite de ce bulletin, la description détaillée des activités pilotes menées à ISPRA Livourne est réalisée. Une description similaire sera effectuée dans la prochaine newsletter d'octobre pour les essais menés à Toulon.
EDITO
Avancement du projet
-- Livrables en préparationActions scientifiques et pédagogiques
-- Présentation DISTAV à SEDNET 2019 – DubrovnikPerspectives
Les livrables actuellement en cours d'élaboration sont les suivants :
Réalisation des tests expérimentaux sur l'installation pilote ISPRA
En décembre 2018 ISPRA a réalisé les essais expérimentaux de traitement mécanique et soil washing sur l'installation pilote pour la valorisation des sédiments marins, tel que prévu dans le projet SEDITERRA.
L'installation pilote ISPRA a permis d'effectuer le traitement des sédiments des ports de Cagliari et Livourne selon les activités détaillées ci-après :
1. Première séparation de blocs, matériaux grossiers, plastiques et fibres végétales par tamis rotatif ;
2. Désagrégation par tamis vibrant avec eau sous pression et maille de 2mm ;
3. Séparation des matrices (eau et sédiment) et des diverses granulométries de sédiments (sables grossiers et fins, fraction fine) par un corps central de séparation constitué de deux hydrocyclones, deux cellules d'attrition pour la séparation des agrégats, un tapis roulant et des conduites de récupération des fractions de sédiments des diverses granulométries ;
4. Décantation des solides en suspension et récupération des fractions pélitiques et liquides (eaux de process) à envoyer pour traitement et gestion.
L'installation a utilisé, en cycle fermé, la quantité d'eau nécessaire tant pour la séparation granulométrique que pour un premier traitement soil washing du sédiment contaminé. Les produits issus du traitement sont du sable grossier, du sable fin, une fraction pélitique (limon/argile) et une matrice aqueuse.
De nombreux aliquotes d'eau et de sédiment ont été prélevés durant le process de traitement pour une évaluation qualitative des matrices traitées et pour un suivi environnemental des activités expérimentales (activité en collaboration avec ARPAT (Agence Régionale de Protection de l'Environnement de Toscane) – Livourne). Les activités analytiques prévues sont en cours, leur objectif est d'évaluer l'efficacité des opérations expérimentales et la qualité des matériaux séparés, notamment l'abattement de la contamination présente dans les sédiments dragués.
Activités expérimentales ISPRA / INSA effectuées par tamis rotatif pour la séparation des fibres de Posidonie des sédiments dragués
Les 30 et 31 janvier 2019, des essais de séparation des fibres de Posidonia oceanica des sédiments du port de Centuri ont été réalisés sur la plateforme industrielle du CPEM de Toulon (Envisan). La composante tamis rotatif, qui fait partie de l'installation pilote ISPRA positionné à Livourne, a été transportée et mise en œuvre à Toulon pour l'exécution des activités de séparation prévues.
Les fibres de Posidonie ont été séparées du sédiment même si elles étaient présentes en faible quantité et complètement désagrégées. Il serait opportun de renouveler le traitement avec un sédiment contenant davantage de fibres de Posidonies moins désagrégées.
Activités expérimentales réalisées sur lysimètres et formulations béton et mortiers à divers pourcentages de sédiments traités
Economie circulaire – les sédiments comme ressource
Les sédiments dragués sont souvent relargués en mer ou déposés à terre où ils sont considérés comme des déchets conformément aux règlementations nationales. A l'heure actuelle il n'existe pas d'autre alternative en termes de gestion à l'échelle européenne. Cependant, le sédiment peut également être considéré comme une ressource primaire secondaire qui peuvent être valorisés en matériaux de construction et transportés facilement par voie maritime dans de nombreuses régions du monde. Ainsi on peut qualifier les sédiments comme des matières de choix dans une logique d'économie circulaire et de valorisation.
Durant la 10ème édition de la conférence SedNet, tenue à Gènes en juin 2017, une entière session intitulée «Sédiments et Economie Circulaire» a abordé des sujets tels que la valorisation des sédiments et les solutions technologiques existantes. Bien qu'il existe une expérimentation éprouvée relative à la gestion des sédiments au travers leur traitement, divers projets financés par l'UE, comme à titre d'exemple Prisma, GeDSeT, Setarms e CEAMaS, ont abordés divers scénarios de réutilisation en essayant de combler les lacunes technologiques, réussissant à identifier de nouvelles pistes de valorisation. Les projets en cours, comme par exemple Valse, USAR et Suricates, se basent sur ces données et réalisent un transfert de l'échelle laboratoire à l'échelle industrielle afin de démontrer que la valorisation est une alternative durable au relargage et à l'extraction de matières premières.
Dans le cadre de la 10ème édition de SedNet, la présentation du projet SEDITERRA a également trouvé toute sa place, par la description de ses objectifs et des activités pilotes pour une réutilisation des sédiments dragués.
Au cours de la 11ème Conférence SedNet, à Dubrovnik du 3 au 5 avril, la session «Circular economie – sediment as a ressource» a encore fait progresser ce sujet. Les thématiques abordées incluaient notamment le dragage des ports et cours d'eau, l'amélioration de la navigabilité et le transport durable, relargage et déplacement de sédiments, le potentiel de valorisation des sédiments (travaux publics, production de ciment, aménagement paysager, protection du littoral, extension d'établissements portuaires…), la réutilisation sur des terrains terre-pleins désaffectés ou abandonnés, le réengraissement de plages, les productions énergétiques, le statut du déchet sédiment, les coûts directs / économie linéaire et bénéfices indirects / utilisation des espaces, la réduction de l'extraction minière ; l'économie de l'environnement / circulaire, les encadrements réglementaires qui améliorent la réutilisation des sédiments. Dans cette session également, SEDITERRA a participé aux échanges en essayant de trouver des synergies avec d'autres projets et présentant ses propres activités.
Une session de SedNet a été dédiée à la réutilisation des sédiments, la session spéciale «Using Sediment As a Resource» de présentation du projet européen USAR (Programma Interreg 2seas 2016-2020).
Toutes les sessions de SedNet 2019 :
1. Sediment management concept and sediment policyA l'occasion du stage organisé par le Cours de Licence en Sciences Géologiques et des rencontres avec les lycéens du Cours de Licence en Sciences de l'environnement et des sciences naturelles, les chercheurs de DISTAV ont présenté le laboratoire SEDITERRA aux étudiants et leur ont expliqué les activité de mycoremédiation en cours sur les sédiments de Centuri et de Toulon.
Le prochain COPIL/COTECH est prévu à Bastia à la mi-septembre 2019